3.8.07

Sonate d'Automne, d'Ingmar Bergman



Sonate d'Automne m'avait laissé une forte impression lorsque je l'ai vu pour la première fois, au moment de sa sortie en salle, en 1978. J'avais été frappée alors par l'une des caractéristiques du cinéma de Bergman : les gros plans sur les visages, qui détaillent les sentiments, fouillent l'âme, avec ce que je percevais alors comme une sorte d'indécence... Encore toute jeune femme, j'avais reçu au premier degré la haine de la fille pour sa mère, la responsabilité dont elle la charge pour justifier ses propres échecs, ses incapacités personnelles, leur incapacité à communiquer, à rétablir des liens, à se pardonner mutuellement et personnellement. Etrangement, ces impressions de premier visionnage sont tenaces, et m'habitaient encore, presque trente ans plus tard, lorsque j'ai revu le film, il y a quelques jours.

Il a fallu le petit commentaire de Liv Ullman, en contrepoint du film dans les "bonus" du DVD, pour que je prenne conscience d'autres angles possibles. Selon Liv, le procès fait à la mère est injuste, et on ne le lui fait que parce que c'est une femme : personne n'aurait l'idée de mettre en cause avec une telle violence un homme privilégiant sa carrière professionnelle, comme le fait le personnage d'Ingrid Bergman. Cette vision féministe et révoltée m'avait échappé, elle est cependant juste... même si je persiste à penser qu'une fille se défait difficilement de ce qui l'a "plombée" dans ses relations avec sa mère durant l'enfance et l'adolescence. Je ne sais pas si les garçon se construisent de la même manière par rapport à l'image du père, mais il me semble qu'une fille est toujours écartelée entre l'adhésion au modèle, parfois inaccessible (comme c'est le cas dans ce film, où la mère est une artiste éblouissante et une maîtresse femme), et sa négation totale, ce que fait la fille du film en tournant finalement sa vie vers le don aux proches, allant jusqu'à la prise en charge de sa soeur malade, malade d'avoir été délaissée par cette mère absorbée par sa carrière de pianiste...

Le jeu des actrices est saisissant. Arte m'apprend que le film a reçu deux Oscars, dont celui de la meilleure actrice pour Ingrid Bergman. C'était assurément mérité, elle est parfaite. Liv Ullman n'est pas moins étonnante : alors qu'elle était somptueuse et séduisante dans Scènes de la vie conjugale, tourné six ans plus tôt, elle apparaît ici ingrate, comme une adolescente qui n'en a pas fini avec sa crise, ce qui est exactement le cas... bien qu'elle incarne une femme proche de la quarantaine.

Un film dérangeant, puissant, et qui ne peut laisser indifférent (j'imagine que certains détestent), comme la plupart des films de Bergman.

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2.8.07

Le septième sceau, d'Ingmar Bergman



Ce film là, c'est Dino qui voulait le voir... C'est l'un des Bergman que je n'avais pas vus, avec Max Von Sydow et Bibi Andersson, deux acteurs fétiches du maestro. Pas mon préféré, mais qui mérite d'être vu... mais suis-je encore objective lorsqu'il s'agit de mon réalisateur favori ? Inutile de dire que sa disparition m'affecte, même s'il était peu probable qu'il fasse encore des films. La seule consolation, c'est qu'une grande partie de son oeuvre est éditée en DVD, et qu'on peut donc voir et revoir ses films, suivre son évolution dans l'ordre ou picorer dans le désordre, et recommencer lorsqu'on a fini...

Nous sommes au Moyen-Age, en Suède. Un chevalier qui rentre des croisades croise la Mort sur une plage, alors qu'il est presque arrivé chez lui. Désabusé, se demandant si Dieu existe, si lui-même croit encore, le chevalier négocie cependant avec la Mort : avant de disparaître, il veut un répit pour tenter de trouver une réponse à ses questions, et joue son délai dans une partie d'échec avec la grande faucheuse.

Pendant ce temps, la peste fait rage, et le clergé en profite pour tenter de mystifier les foules en menaçant du grand châtiment. Heureusement, il reste un trio de jongleurs, qui déambulent de village en village, tentant de gagner leur pitance en intéressant les villageois au théâtre, à la poésie, à la musique. Le jeune couple est amoureux, et fait des châteaux en Espagne pour son tout jeune fils, aussi blond et charmant que sa maman. Le "manager" de la troupe, un célibataire déjà mûr, séduit les femmes sur son passage. Ces trois là, je devrais dire les quatre, car l'enfant tient son rôle, apportent la fraîcheur, la fantaisie, une forme d'optimisme basé sur la vie bien tangible et les bonheurs simples qu'elle peut donner, qui éclairent les derniers moments du chevalier, à défaut de lui apporter les réponses qu'il attend.

Quoiqu'il arrive, Dieu et la croyance restent un mystère, comme la joie de vivre, et la Mort finit toujours par l'emporter sans dire où elle vous emmène, même quand on est un stratège des échecs... distrait peut-être justement par les jongleurs au moment où la Mort avance dangereusement ses pions...

La photo du film, en noir et blanc, est splendide. Bibi Andersson aussi. Un classique incontournable, sans doute à voir plusieurs fois pour en capter tout le sens, qui ne se livre pas si facilement...

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Certains l'aiment chaud, de Billy Wilder



Je n'avais jamais vu ce grand classique avec Marylin Monroe, Tony Curtis et Jack Lemmon. C'est la magie du DVD que de nous permettre de revoir ces vieilles comédies en noir et blanc.

La trame est assez fine : deux musiciens au chômage se travestissent pour se faire embaucher dans un orchestre de femmes et échapper à la mafia qui cherche à éliminer ces deux témoins gênants d'un règlement de compte. Voilà nos deux compères embarqués pour la Floride, avec un régiment de filles beaucoup plus dissipées que ne le souhaiteraient leur manager et leur chef d'orchestre. L'un, séduit par la belle Marylin, qui chante et joue du youkoulele, se fait passer pour un jeune milliardaire désespéré pour la séduire, tandis que l'autre, sous son apparence de femme, séduit un vieux bambocheur plein aux as qui veut l'épouser et le présenter à sa maman.
De quoi enchaîner les scènes burlesques et les éclats de rire...

Monroe est éblouissante, parfaitement mise en valeur par une série de tenues vestimentaires à tomber par terre, et on comprend l'attraction qu'elle a pu exercer sur les hommes. Quant aux deux lascars, ils sont vraiment à se rouler par terre dans leurs accoutrements de femmes, qui les font ressembler à deux vieilles filles.

Bref un divertissement sympathique qu'il faut incontestablement avoir vu.

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