Un long dimanche de fiançailles, de Jean-Pierre Jeunet
Je ne vais pas souvent au cinéma (manque de temps), et je n'ai pas la TV (sans doute un peu de défiance vis à vis des images...). Est-ce que ça me rend plus impressionnable ? Peut-être... Peut-être aussi ai-je été frappée par l'interview de Jeunet à la radio, qui parlait de la guerre de 14 et du travail historique qu'il avait mené pour la restituer sans tomber dans la violence gratuite...
Toujours est-il que dans ce film, c'est bien la guerre de 14 qui m'a impressionnée, l'évocation de cette horreur et de ces vies perdues qui m'a fait pleurer, qui m'empêchait de parler en sortant du cinéma, et qui me hante encore, sans doute pour un moment...
Pourtant, ce n'est pas le seul sujet du film... et même ce n'en est que la toile de fond sans doute, et le film de Jeunet est loin de ne représenter que cette horreur. Comme dans Amélie Poulain, c'est l'espèce de "légèreté grave" des personnages, celle de Mathilde en particulier bien entendu, qui joue la mélodie principale. On retrouve la même ambiance, les mêmes petites phrases qui font sourire, une sorte de naïveté obstinée, des petits jeux superstitieux, tout un univers intime et merveilleux qui fait la signature de Jeunet, qui a sans doute fait l'adhésion à Amélie Poulain. Mais cette fois, la toile de fond est tellement plus grave que le décalage semble un peu plus artificiel peut-être. On a du mal à saisir si Mathilde est inconsciente de ce qui se passe, si elle refuse de voir, ou si elle a une capacité d'encaissement hors du commun... Comment fait-elle pour garder se fraîcheur et son sourire, sans verser une seule larme du début à la fin ? Bien sûr, l'amour, me direz-vous... Mais, bien que je sois plutôt bon public en la matière et prompte à m'émouvoir, cette fois, ce sont les poilus qui m'ont émue. Comment survivre et garder sa raison dans cet enfer ? Comment trouver du sens encore à la vie et à l'humanité devant la stupidité des règles de la guerre, la cruauté cynique de certains chefs, la coupable insouciance de certains autres ? Peut-être au fond est-ce Manech qui a trouvé la bonne réponse, et le moyen d'effacer de sa mémoire cet épouvantable épisode...
Mais je ne vous en dirai pas plus, car il faut aller voir ce film, évidemment !
Le site du film est particulièrement bien fait, et permet de retrouver la lancinante musique d'Angelo Badalamenti. D'autres infos, critiques et images sur AlloCiné.
Libellés : Cinéma
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